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Tribune parue dans Les Échos

Depuis mardi 1er juin, tous les véhicules Crit’Air 4 et 5 n’ont plus le droit de circuler en semaine dans la Zone à faibles émissions (ZFE) de la Métropole du Grand-Paris. Cela représente 240 000 voitures, et presque autant de Franciliens. Dès 2022, ce sont les véhicules Crit’Air 3 qui seront interdits, avant les Crit’Air 2 en 2024. Cette décision ne tient pas compte de la situation des ménages modestes et des couches moyennes. Elle préfère une écologie punitive à une écologie populaire.


La ZFE est une nécessité pour opérer une transition écologique et énergétique, notamment quand on sait que le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre en France et que la pollution est un réel enjeu de santé publique.


Malheureusement, il manque à cette mesure un accompagnement des Franciliens. En imposant la ZFE sans concerter les principaux intéressés, nous les évinçons d’une politique écologique participative, nous créons des tensions sociales qui pourraient être évitées et nous alimentons une défiance de la part des Franciliens les plus fragiles face à des décisions politiques déconnectées de la réalité.


Cet accompagnement passe avant tout par une offre de transports en commun suffisante en banlieue. Le calendrier actuel de la ZFE ne tient pas compte des mises en service des futures lignes de métro pour desservir la banlieue. La ligne 14 prolongée en 2024 et surtout la ligne 15, métro de banlieue à banlieue tant attendu, ne sera finalisée qu’en 2030. Dans ces conditions, pourquoi continuer à opposer fin du monde et fin du mois ?

En imposant la zone à faibles émissions sans concerter les Franciliens, nous les évinçons d’une politique écologique participative


L’écologie qui se construit contre les citoyens, les Français n’en veulent pas. Une telle mesure qui ne s’accompagne pas d’une politique sociale concrète risque de fracturer encore un peu plus notre société qui subit actuellement une crise sanitaire sans précédent et dont les répercussions économiques et sociales touchant de plein fouet les couches populaires.


D’autant plus quand cela conduit à créer une taxe supplémentaire par le biais de bornes de contrôle. Alors que les professionnels du transport bénéficient d’ores et déjà de dérogations, cette taxe sera payée par les Franciliens qui se rendent quotidiennement au travail. En somme, la double peine. Souhaitons-nous réduire la ZFE à une taxe supplémentaire alors que l’enjeu est l’amélioration de la qualité de l’air ?


A minima, il faut que les aides financières pour acquérir un véhicule plus écologique soient augmentées au regard du coût engendré pour les Franciliens modestes et les couches moyennes.


Ne creusons pas davantage les inégalités par une décision précipitée. Priver les Franciliens de leur moyen de transport sans leur proposer d’alternatives (transports collectifs, autopartage, RER vélo, etc.) conduit à les assigner à résidence et les cantonner à leur quartier. Il est encore temps de changer les choses pour rendre la ZFE populaire !


Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre

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